Le Lubéron

18 décembre 2014

A quelques encablures d’Apt se trouve la falaise de Buoux. Un mythe, où s’est écrit quelques pages marquantes de l’Histoire de l’escalade en France dans les année 80/90.

Le rocher est une «molasse », au grain très adhérent, qui se rapproche de la texture du grès. Il est jonché de « bulles d’air », offrant ainsi une multitude de trous. C’est le royaume du bi-doigt !

Vue depuis le secteur de la vire: à gauche le pilier de "l'os à moelle", au centre le mur du Styx, à droite le secteur du Bout du monde.

Fin des années 80 et début des années 90, les équipeurs, avaient souvent tendance à « faire déraper la mèche de leur perfo » un peu trop rapidement, honorant ainsi le caillou de quelques prises surnaturelles. Bon nombre de voies mythiques sont en réalité de belles bouses bien larcinées qui font mal aux doigts !
Alors pourquoi venir grimper à Buoux ?
Bon déjà ces bombés, compacts et colorés, ils vous en mettent plein la vue ! Ensuite venir ici c’est se frotter à des voies de références, les cotations sont serrées, les efforts sont souvent très courts avec de violents pas de bloc. Atteindre le relais d’une voie à Buoux, quel que soit le niveau n’est pas une mince affaire, alors l’enchainer ça se mérite !
De nos jours peu de gens sont adeptes de ce genre de voies. Buoux est passé de mode, et le gros avantage c’est que mis à part quelques pompiers venant s’entrainer à faire des manips de cordes, ont est pas dérangé par la foule !

SAM_0960 Non ce n'est pas les caméramans de Big Up Production, mais des pompiers observant Adrien à l'attaque de Total Transfert 8b

Le thème était d’aller se frotter aux voies du secteur des Devers. Elles sont perchées en 2^e longueur et serpentent dans un court mais impressionnant bombé. On y accède en grimpant une longueur facile, où l’on peut ensuite s’installer sur une vire.
Au vu des conditions humides, ma décision fut de ne pas aller essayer de voies mutantes. Bien m’en a pris parce que c’était la réelle « pouiffante », à croire que j’avais ramené avec moi toute l’humidité d’Ile de France !

Adrien et moi sommes allés voir Total Transfert 8b, équipé par Didier Raboutou.

En résumé: au départ de la vire on a 6m de 7a et la BIM : un gros blocage pour aller chercher un mauvais bi-doigt taillé « KiFé Malo Doi », pour ensuite se ruer sur une réglette collée également « KiFé Malo Doi »! Suivent 7 mouvements énergétiques, pour finir dans un bombé bleu moins dur mais engagé. Inutile de préciser que ça « casse pas trois pattes à un canard », mais bon c'est quand même ludique d’aller faire du "bloc encordé" à 80 m du sol !
Mon compère n'est pas emballé, faute de rentrer ses doigts dans le bi taillé du crux. Après quelques zips je conclu l'affaire tant bien que mal, tandis que Adrien en profite pour faire une visite de courtoisie dans la voisine de droite: Azincourt 8c.

Adrien dans Azincourt 8c, plus beau mais nettement plus dur!

Le problème de Buoux, c’est que ça fait (très)mal aux doigts.

Heureusement à 15min de là, se trouve une belle barre, avec des envolées qui frôlent les 60 m, sur un rocher original : on grimpe sur des strates verticales, tellement fines que l’on peut les pincer avec le pouce. Bref ici l’effort change radicalement: c’est (ultra)continu !

La fameuse barre!

Une journée bien fraiche avec Carole et Adrien. Ma première onglée de l’année! Carole cale la suite de Troppers 7c, en 8a+, dans la partie centrale.

Carole sur les belles canelures au départ de Troppers 7c puis 8a+

Adrien tente de résoudre le problème du Cœur 8b, avec une section très péchue dans le bombé sommital. De bons essais mais il va falloir revenir !

Adrien au départ du Coeur 8b

Pour moi il a fallu ressortir le manuel de «KomenNePaDauberOboude10mouv », indispensable pour ceux qui n'ont pas sortit de baudrier depuis la Toussaint.

Par je ne sais quel miracle j'arrive à me hisser au 1^er essai (avec de véritables "bonbonnes de gaz"en guise d'avants bras!) au sommet de FreeFight, un « petit » 8c de 50m, qui porte bien son nom !